Démarche :
Ce travail est une rencontre, un assemblage comme une sorte de « mutation numérique », où je transporte un animal dans un lieu inhabituel donnant libre cours à l’imaginaire.
Ne peut-on s’interroger sur la place réelle accordée à l’animal et à son milieu à l’heure actuelle dans une société modifiant et manipulant sans cesse le vivant ? Société qui en vient même à imaginer et créer des espaces protégés, « des enclos devenant huit-clos ».
Mon travail est de cet ordre-là, montage entre artifices, manipulations et sauvegardes. J’ai parfois joué sur la taille, la proportion des animaux par rapport au reste pour donner un côté étrange, ainsi que sur l’ombre qui reste souvent discrète afin de semer un doute sur leur réalité.
Ce déplacement « numérique » d’animaux sauvages mutés dans un autre paysage que le leur, questionne ainsi la place de l’animal sauvage dans notre monde en mutation artificielle où le « naturel » ne peut survivre qu’enclos ?
L’intention est de créer par la photographie et son montage, une nature représentée, qui n’est plus originelle, ni indépendante de l’homme ; elle est manipulée, contrôlée, artificiellement intensifiée par la frénésie du monde qui l’entoure.
En insérant des animaux dans un paysage inhabituel, je questionne les paradoxes entre l’idée « romantique » de la nature, sa « réalité » et notre « pouvoir » sur celle-ci.
Technique :
Ce projet s’est déroulé sur deux ans, entre les recherches et les prises de vues de paysages et d’animaux.
Avec le logiciel de retouche photo, j’ai assemblé deux images en tenant compte des ombres et lumières de
chacune. Par Photoshop, j’ai sculpté mon idée, jonglé avec les couleurs, la lumière et la tonalité. L’ombre des animaux reste discrète afin de semer un doute sur leur réalité.
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J’ai reçue pour ce projet une aide à la création de la DRAC Occitanie.
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Les fables poétiques – Vous pouvez l’acheter !
Revue de presse de l’été photographique de Lectoure 2009
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A la manière des écrivains et des cinéastes de science fiction, Isabelle Souriment suscite une réflexion critique sur le monde actuel en créant des images poétiques et drôles d’un futur imaginaire, où des animaux sauvages de contrées lointaines (Tropiques, pôles…) peuplent des paysages de zones tempérées (France, Grande-Bretagne, etc.).
Ces manipulations virtuelles que l’artiste fait subir aux images font écho à celles qui sont infligées dans la réalité aux animaux – par l’élevage industriel, la recherche génétique, le clonage – et qui ont définitivement transformé nos conditions de vie. Ne peut-on avancer l’hypothèse que la nature et l’animal nous questionnent parce que leur statut les situe désormais au plus proche d’un réel que nous transformons, des espèces sauvages que nous réintroduisons dans un milieu surveillé, où le naturel ne peut survivre qu’enclos?
De ces tableaux émane paradoxalement une ambiance paradisiaque, au sens littéral du terme – « paradis vient du persan par le grec paradeisos, qui signifie « parc clos où se trouvent des animaux sauvages ».
François Saint-Pierre, juin 2009, directeur du Centre de Photographie de Lectoure
C-print contrecollée sur dibond
50x33cm
Edition of 6 +2 EA
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